MAGGY
A Ludovic Alleaume
C’est Maggy : Agile et preste,
svelte et fine comme un jonc,
elle a la fraîcheur agreste
et la saveur d’un bourgeon ;
Mieux que jolie : attirante,
avec son regard aigu,
sa démarche de bacchante,
et son sourire ambigu.
Maggy a la peau ambrée
ainsi qu’un raisin muscat ;
elle a la taille cambrée,
et la souplesse d’un chat ;
brune comme une hirondelle
légère comme un roseau,
Maggy doit avoir des ailes
et voler comme un oiseau…
Maggy, c’est comme une abeille
au corsage de velours
qui bourdonne autour des treilles
parmi les frelons balourds…
Maggy, c’est la Fantaisie ;
c’est un rayon de soleil ;
c’est un peu de poésie
dans nos jours toujours pareils !
Maggy, c’est, en sa jeunesse,
comme un Tanagra vivant ;
et son masque de faunesse
me la fait rêver souvent,
sous un bleu rayon lunaire
dansant autour du vieux Pan,
dans l’orbe d’une clairière,
aux pipeaux d’un Aegipan…
Maggy, si elle était née
en un siècle moins banal,
eût, en des Panathénées,
conduit un char triomphal ;
elle eût, parmi les Vestales
au chef couronné de fleurs,
et les joueurs de crotales,
mené le rythme des choeurs..
Mais Maggy, trop tard venue
en notre temps sans beauté,
s’en va, rapide et menue,
parmi nos laides cités,
parmi nos laides boutiques
où tout est insulte aux arts,
Maggy, petit bronze antique
égaré dans un bazar !
Marc Leclerc, L’Offrande à Cyrnos, poèmes, p.121-122, Paul Lefebvre Editeur, A. Clavel, Revue de la Corse, Paris, 1923
George Romney, Portrait d’Emma, lady Hamilton comme une Bacchante